Ikebana Ona Maati

Inspiration Céramique Japonaise - Rencontre avec Sylvie Barbara de Ona Maati

TABLE & CRÉATION rassemble de nombreux artisans afin de vous proposer une vaisselle céramique artisanale de qualité. Parmi eux, certains sont très inspirés par la vaisselle céramique japonaise. Je vous propose donc de faire un point sur son origine, ses caractéristiques et de partir à la rencontre de Sylvie Barbara, la créatrice d’Ona Maati dans son atelier.

L’histoire de la céramique japonaise est très riche ; elle figure parmi les plus anciennes au monde, remontant aux pots de terre cuite de l’époque préhistorique de Jomon ; elle a beaucoup évolué et s’est diversifiée au cours des siècles. À l’image de l’art de vivre japonais, délicatesse, raffinement et sophistication la caractérisent.

La céramique traditionnelle au Japon est très liée à la géographie et chaque préfecture du pays présente un art de la céramique caractéristique. Des dizaines de villes se sont rendues célèbres aujourd’hui par leur style unique et leurs somptueuses créations. Au cours de l’histoire, les styles régionaux ont émergé, enrichis des techniques traditionnelles importées de Chine puis de la Corée et du Vietnam.

Céramique de Shigaraki    Céramique de Mino       Théière Tokoname
Céramique de Shigaraki - Céramique de Mino - Théière Tokoname

On retiendra notamment les incroyables fours en forme de tunnels, connus sous le nom de fours anagama, construits à flancs de collines dès l’époque primitive et très répandus en Asie ; ils sont ensuite apparus en France au XVIème siècle et sont toujours utilisés de nos jours.

Four Anagama  Cuisson dans four Anagama

Cuisson dans four Anagama

L’expansion du bouddhisme au Japon à la fin du XVIème siècle a marqué un fort engouement pour les bols simples en poterie, par opposition à la porcelaine chinoise très décorée et sophistiquée. Ce sont notamment les maîtres du thé qui ont exprimé leur préférence lors de la cérémonie du thé, pour les bols artisanaux bruts et non vernissés, de style raku.  


Cérémonie du thé  Cérémonie du thé

Cérémonie du thé

Parallèlement, vers la même époque, la découverte de pierre de porcelaine à Kyushu permet la fabrication des premières porcelaines japonaises.

La production va alors se diviser en 2 branches distinctes : le style brut et simple des potiers à la recherche de simplicité et d’asymétrie (c’est le concept esthétique du wabi-sabi reposant sur l’éphémère et l’imperfection) et le style de porcelaine fine colorée, aux formes parfaitement exécutées.

L’ère Meiji (fin XIXème) a apporté de profonds changements au sein de la société japonaise qui a commencé à s’ouvrir sur l’Occident et à délaisser l’artisanat traditionnel.

Des admirateurs de cet artisanat, comme Yanagi Soetsu ont œuvré sans relâche pour perpétuer cet art de la céramique japonaise au XXème siècle. Fondateur du Mingei (mouvement de l’artisanat populaire), il a conservé de nombreuses pièces de céramique et a fondé le musée de l’Artisanat populaire japonais.

Portrait Yanagi Soetsu  Mingei

Portrait de Yanagi Soetsu - Mingei

Nihon Mingei-kan
Nihon Mingei-kan

Aujourd’hui, les Japonais gardent un lien intact avec l’art de la céramique et ont su adapter leur art à l’époque moderne.

Cet artisanat japonais inspire de nombreux artisans, attirés par la sobriété et le minimalisme zen caractéristiques des arts traditionnels japonais. Le rituel du thé et la culture du saké ont ainsi apporté toute l’esthétique japonaise aux arts de la table…

 

C’est en région parisienne, au fond d’une impasse calme et préservée que je retrouve Sylvie Barbara dans son atelier, juxtaposé à sa maison. Un havre de paix et de sérénité, envahi par la végétation qui nous conduit au domaine réservé de la céramiste. Elle me reçoit de sa douce voix avec un thé et quelques fruits secs servis dans les tasses et plateaux de sa création. Je l’ai interrogée sur sa passion de la céramique ; écoutons la pour en savoir un peu plus sur sa pratique et ses goûts :

Portrait Sylvie Barbara  Atelier Ona Maati

Sylvie Barbara - Son atelier

 

Qu’est-ce qui vous a amenée à la céramique ?

C’est un goût très personnel pour la céramique, et notamment la céramique japonaise. J’ai toujours été très manuelle et j’ai une formation artistique à la base. Mais après une période très liée à l’ordinateur et à la communication dans le monde de la publicité, je voulais revenir à des choses beaucoup plus basiques et faire rejoindre à la fois mon goût de l’art manuel, mon goût de l’art japonais et me dire que j’étais capable de fabriquer ce que j’aimais.

Avant d’être céramiste, achetiez-vous des pièces en céramique ?

Oui, beaucoup, des objets de la maison de l’Orient et de la Chine, sur les marchés de potiers aussi, j’en ai beaucoup acheté avant de me lancer moi-même dans la céramique.

Je me suis lancée dans la céramique vers l’âge de 40 ans. Je venais d’un milieu beaucoup plus 2D en fait, j’étais graphiste, c’étaient des choses plates ; on aurait pu imaginer que j’irais plus vers la peinture mais tout d’un coup j’ai eu envie de prendre un cours de céramique dans mon quartier. Puis, c’est allé très vite, en deux ans je me suis formée, j’ai passé mon CAP et je me suis pleinement engagée dans cet univers . C’était une passion tardive, mais foudroyante !

Par quelle technique avez-vous commencé ? Le modelage ? Le tournage ?

Je me suis dirigée très rapidement vers le tournage. J’avoue que j’ai été, dès mes débuts, fascinée par cet outil. Il me correspondait particulièrement et au bout d’un an de pratique, j’ai voulu passer mon CAP de tourneur.

Le tournage  Le tournage  Le tournage

Le tournage

Et aujourd’hui, faites-vous toujours que du tournage ?

Cela fait 18 ans maintenant que ma production est essentiellement tournée avec cependant des pièces en modelage. Il est vrai que je développe une certaine nostalgie du modelage. Cependant, je n’ai pas encore épuisé le tournage : cette technique me fascine toujours, mais le temps, la façon de créer, les formes du modelage m’attirent de plus en plus. Je voudrais aujourd’hui orienter ma production vers plus de modelage.

Quelle est votre étape préférée dans votre processus de création/production ?

 Je crois que c’est vraiment l’étape où je suis en contact avec la terre, c’est-à-dire le moment de modelage ou de tournage : ce sont vraiment les moments que je préfère.

J’aime aussi l’émail et j’ai une formation d’émail. Je consacre beaucoup de temps à des recherches d’émail. Mais, techniquement dans le plaisir de l’atelier, le travail de l’émail, est compliqué, salissant, il nécessite beaucoup de vaisselle et beaucoup de temps. Il n’y a pas le plaisir sensuel du contact avec la terre. C’est une technique plus intellectuelle. Certes, il est important pour moi que mes pièces portent de beaux émaux, mais mon vrai temps de plaisir c’est lorsque mes mains sont au contact avec la terre.

Le travail d'atelier - L'émaillage  Le travail d'atelier - Les outils

Le travail d'atelier

Avant cette étape du contact avec la terre, avez-vous une phase de création ou vous lancez-vous directement ?

Comme beaucoup de créateurs, un projet peut « mariner » des mois dans ma tête. Parfois, ça passe par le croquis, parfois par de la documentation. Mais je ne dessine jamais mes formes complètement ; le croquis va plutôt me servir à « brainstormer », à « cogiter », à essayer des choses. Après j’affiche les croquis autour de moi, je me mets sur le tour, j’ai toutes les formes en tête, mais c’est au tour qu’elles naissent définitivement. Et là, je confronte mon projet aux contraintes techniques car ce sont elles aussi qui nourrissent la forme. Donc, c’est comme un échange. Je peux avoir pensé quelque chose qui ne se révèle pas réalisable, mais le fait d’y avoir pensé me donne le fil d’Ariane, l’impulsion de départ, et après c’est une question de ressenti par rapport à ce qui se passe sur le tour ou en modelage.

 Processus de création  Processus de création

Processus de création à l'atelier

Y a-t-il des céramistes qui vous inspirent ?

 Je regarde tous les jours ce que font les autres céramistes. Cela m’inspire beaucoup. Il y a aussi une énorme documentation sur Internet, c’est même presque difficile quelquefois de s’en détacher quand on aime la céramique. Je m’inspire tout le temps, notamment des techniques ; les gens sont assez généreux sur leurs techniques, du coup ça me donne envie d’essayer des choses, c’est une nourriture permanente.

En ce moment, j’essaye cependant de me détacher de cela pour me concentrer seulement sur mon expérience, essayer des choses, les analyser… On ne peut pas être toujours être en train d’essayer de nouvelles choses, à un moment il faut creuser.

Actuellement, je me sens plutôt dans une période où j’ai envie de creuser. Je fais aussi beaucoup de formations à l’extérieur,  des master classes. J’ai la chance d’avoir un fond de formation assez généreux qui me permet d’apprendre de nouvelles techniques, de rencontrer des artistes et puis aussi de créer du réseau. C’est à la fois passionnant et très important de rencontrer ses pairs.

Vous rappelez-vous la première pièce que vous avez créé ?

 Comme certainement beaucoup de personnes qui commencent un cours amateur, j’ai voulu tout de suite faire de grosses pièces, mais j’étais encore très maladroite : j’ai réalisé un vase. Il était affreux ! Je me souviens parfaitement de cette pièce : elle était composée de trois cercles concentriques, et dans lesquels on pouvait soit faire pousser des plantes, soit laisser de l’eau ; on pouvait marier des plantes coupées avec des végétaux plantés. C’était un vase-jardin !

Intéressant ! L’avez-vous gardé ?

Non, il était très moche ! (Rires) Quand on compare l’idée et la réalisation, on se rend compte que je n’étais pas du tout prête !

 Est-ce que c’est important pour vous de créer des objets utilitaires ?

J’adore la vaisselle en terre, j’en achetais beaucoup avant d’être céramiste, je continue d’ailleurs d’en acheter pas mal, mais ce n’est pas fondamental de créer des objets utilitaires. J’ai l’habitude de penser et de développer des gammes, mais dans l’utilitaire, il y a un côté répétitif. Je peux faire cinquante bols d’affilée, le plaisir de les tourner sera toujours intact, mais ce qui est difficile c’est plutôt de maintenir des collections année après année, et l’utilitaire impose cette contrainte. Ce que j’aime, c’est créer, donc j’ai toujours envie de partir sur des nouvelles choses.

Comment gérer l’équilibre entre esthétique et fonctionnalité, par exemple lorsqu’on crée une tasse ?

 On essaye toujours de gérer cet équilibre. Par exemple, j’ai commencé une collection basée sur le triangle, qui est donc mon fil conducteur. Sur une tasse je vais réaliser une anse triangulaire. parfois, Il faut tester les idées, mais il faut essayer, voir si l’objet est finalement agréable en main, quelle est la bonne taille, etc. Si je pars de formes très inspirées du Japon, il faut que je trouve la bonne terre, la couleur de l’émail qui rappelle ce pays, que je m’inspire de modèles japonais. Cela m’a amené à développer toute une gamme en gris et blanc, très sobre ; pour une autre collection, j’ai mis en œuvre des mots clés comme la rondeur ; je voulais avoir un peu plus de couleur ; je n’aime pas trop les couleurs pétantes, je reste plus dans une gamme de couleurs assez ténues, assez cassées… et puis je voulais aussi avoir ces détails en triangle, donc j’ai fait des saladiers en forme de triangle, des tasses plutôt rondes mais avec une anse en triangle. Voilà, je me donne des mots clés, comme la douceur, la rondeur, le triangle et je pars sur des émaux doux, moins sobres, plus satinés et des couleurs tendres…

 Certaines de vos pièces sont cuites dans des fours Anagama. Pouvez-vous m’en dire plus sur cette démarche et ce que cela apporte à vos créations ?

 Effectivement, je pratique la cuisson au bois dans un four anagama une à deux fois par an.  J’ai effectué plusieurs stages aux côtés de la céramiste Patricia Cassone ; c’est elle qui m’a formé à ce type de cuisson si particulier. Patricia a vécu de nombreuses années au Japon et elle a fait construire ce four Anagama par un spécialiste japonais près de La Souterraine dans la Creuse, où elle est installée aujourd’hui. À chaque fois, c’est un moment très fort que de cuire dans ce four ; on peut y enfourner 300 à 400 pièces qui vont cuire pendant 5 jours d’affilée à une température d’environ 1300°C. Le four fonctionne nuit et jour et nécessite une équipe de 6 personnes qui se relaient en permanence pour maintenir le feu ; ce sont les « cuiseurs ». Après la cuisson, il faut compter environ une semaine de refroidissement. Ce type de cuisson est très primitif ; il comporte une grande part d’aléatoire, il y a souvent de la casse ou des déformations, qui font partie de l’expérience. Les cendres produites par le feu de bois retombent sur les pièces, formant ainsi comme un émail naturel et produisant des « incidents » de toute beauté. J’y cuis essentiellement des vases, et notamment des contenants pour l’ikebana qui se prêtent très bien à ce genre de cuisson. C’est pour moi à chaque fois une expérience de vie commune enrichissante et un moment de partage très fort.

Feu dans un four Anagama  Vases cuits au four Anagama

Vases Ona Maati cuits dans un four Anagama

D’où vous vient ce goût particulier pour le Japon ?

 Le Japon, c’est presque familial, ma mère était passionnée par le Japon, elle lisait des romans japonais. elle était assez artiste, même si elle ne pratiquait pas, elle avait un esprit très artistique qu’elle m’a communiqué, elle m’emmenait voir des expos… Je crois que c’est vraiment une rencontre avec une sensibilité. Je pratique l’ikebana, je lis beaucoup de littérature japonaise, j’ai toujours aimé la terre traitée de façon japonaise ; il y a des types de céramique qui ne m’attirent pas du tout, comme la faïence, ses formes colorées, l’illustration…

Je suis allée deux fois au Japon et j’espère y retourner bientôt. Toutefois, le Japon m’inspire mais je ne cherche pas à faire « japonais » … D’ailleurs, en ce moment, peut-être que je cherche un peu à m’émanciper du Japon, mais je l’ai tellement intégré que je sais que c’est vraiment ma sensibilité artistique, même si je le transpose sur des choses différentes, mais ça restera toujours…

Quelles sont vos autres sources d’inspiration ?

 J’aurais plutôt tendance à être inspirée par des paysages, par des matières, par la forme des branches… Le graphisme de la nature et puis aussi les matières…

J’aime aussi la céramique danoise, ainsi que les formes des années 50, 60…

 Le travail de la terre vous relie à la nature, quelque part ?

 Oui, forcément, quand je regarde un vieux mur un peu décrépi avec ses couleurs, on retrouve un peu de ce vieux mur sur mes pièces !

 La contemplation joue un rôle important ?

 Oui tout à fait ! J’habite en région parisienne par nécessité mais je manque de contact avec la nature. Dès que je vais dans la nature, je sens que ma créativité explose. J’aimerais avoir un atelier plus dans la nature ; on fait avec ce qu’on peut !

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre pratique de l’ikebana ? Ce qui semble intéressant, c’est que vous créez vos propres contenants.

 J’ai toujours aimé les compositions florales, très simples ; en fait cela me vient aussi de ma mère qui, de façon instinctive, faisait toujours de très beaux bouquets. Quand on était en vacances, on passait beaucoup de temps en se baladant, on revenait toujours avec un bouquet, elle savait faire un bouquet avec des branches, des fleurs des champs mariées avec diverses choses ; ce n’était pas le bouquet de fleuriste mais le bouquet ramené d’une promenade. D’ailleurs, ce n’est pas par hasard que le premier objet en céramique, que j’ai réalisé était orienté vers les plantes… À un moment de ma vie, j’ai fait un bilan professionnel et le métier qui en est ressorti était celui de fleuriste ! c’était avant que je pense à la céramique… J’ai toujours aimé faire des vases en céramique. J’ai découvert l’ikebana assez tard, et je me suis dit qu’il y avait dans cet art des formes de vases plus originales, plus intéressantes ; on cherche vraiment à mettre en valeur des vases un peu comme des sculptures. C’est vrai que le côté sculptural, et le côté pièce unique m’attire beaucoup. Je me suis dit alors qu’il fallait que j’étudie l’ikebana pour comprendre quelle forme de vase ils ont besoin, quelles sont les contraintes spécifiques… Au début, c’était vraiment très intéressé, je voulais apprendre l’ikebana pour faire des vases. Cela rejoignait pas mal de choses que j’aimais.

J’ai fait plusieurs écoles d’ikebana avant de trouver celle qui me convenait, que je trouve la plus naturaliste. Parce que l’ikebana japonais peut être aussi très sophistiqué, voire friser le mauvais goût (pour notre goût occidental !), avec des choses très chargées, avec des harmonies de couleurs particulières… Il y a différents courants et j’ai trouvé l’école Ohara, qui vraiment respecte le mouvement de la branche, l’orientation de la fleur, comment elle a cherché la lumière. Le principe est de mettre la fleur dans la situation qui était la sienne dans la nature. Et puis il y a aussi toute une partie qu’on appelle le paysage, où on reconstitue un paysage miniature dans des grands vases… Cette partie exige des compétences plus élevées, mais cette idée de recomposer un paysage en miniature est passionnant. L’art de la miniaturisation est fascinant ; comme le manque de place est prégnant au Japon, y compris dans les jardins privés, les Japonais taillent les arbres afin qu’ils restent petits tout en évoquant la grandeur… J’y ai vu aussi au Japon beaucoup de personnes épiler la mousse pour enlever tous les brins d’herbe qui dépassaient.

Ikebana  Ikebana

L'ikebana - Vases et compositions florales par Ona Maati

J’aimerais revenir à la tasse en céramique… Lorsque vous créez une tasse, quelles vont être vos considérations ?

 Alors, déjà je m’interroge sur sa fonction, je me demande si cela va être une tasse à café ou une tasse à thé pour définir dans un premier temps sa taille. Puis, je crée plutôt des lignes que des objets, c’est-à-dire que si je fais une tasse, je pense à la théière qui ira avec ou à la hauteur de la machine à café afin de me donner quelques limites. Je ne pense jamais à la tasse toute seule. Par exemple, j’aime boire un bouillon chaud pour accompagner mon repas, donc cela va orienter mes choix. J’utilise les objets que je crée au quotidien. J’achète aussi des objets en céramique créés par d’autres céramistes que j’apprécie, c’est une forme de mémoire. Mes propres envies peuvent être à l’origine d’une collection. Ça reste d’ailleurs assez japonais, car au Japon, on vous sert des pâtes et à côté l’eau de bouillon de la cuisson des pâtes. Il y a le bol à soba, le pichet pour le bouillon, j’aime détourner les usages et proposer des objets un peu nouveaux. Il y a les mamezara au Japon aussi, ces petites assiettes de formes variées pour servir les petits accompagnements que les gens collectionnent et qui peuvent valoir parfois très cher. Il y a des petits bols à saké dont les prix peuvent être beaucoup plus onéreux que de grandes pièces.

 Enfin, pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous avez choisi le nom d’Ona Maati pour votre travail de céramiste et ce qu’il signifie ?

 En fait, j’avais été très marquée par l’histoire de Chantal Thomass, qui avait donné son nom à sa marque et qui s’est trouvée complètement dépouillée de son propre nom par la suite. C’était donc une première raison. De plus, j’avais aussi envie d’être libre de changer d’activité, et pourquoi pas un jour, imaginer et fabriquer des objets en textile. Cela permet d’avoir un nom de marque par activité et de ne pas mettre mon nom en avant. Je ne voulais pas forcément que mon nom soit associé à mon travail, je préférais que ce soit une marque, même si régulièrement j’associe mon nom à la marque, c’est plus simple notamment pour les relations humaines.

Ona Maati une marque que je peux faire évoluer, et moi, Sylvie Barbara, je reste libre…

Ona est un nom qui m’a été suggéré par mon mari qui est argentin, c’est un peuple d’Argentine qui a disparu, je trouvais très belle la sonorité de ces 3 lettres qui signifient « le peuple en marche ». Ensuite, je me suis aperçue quonna signifie la femme en japonais et en russe et polonais, c’est aussi le pronom « elle ». J’ai aimé cette idée du peuple en marche et le fait qu’il y ait beaucoup de féminin dans ce mot. Quand j’ai voulu déposer la marque, c’était malheureusement un mot déjà très pris, donc il fallait y rajouter quelque chose. Je n’avais pas du tout envie d’appeler ma marque Ona Design ou Ona Céramique ; puis en lisant un article sur la céramique indienne, j’ai trouvé ce mot Maati qui veut dire argile. Ce sont des mots que j’ai choisis plus pour leur sonorité ; évidemment, il fallait que leur signification ne soit pas absurde et exprime quelque chose en rapport avec mon activité. Mais j’aimais avant tout les deux « a » de Maati, comme il y a aussi beaucoup de « a » dans mon nom. Mon nom s’est construit petit à petit…

Signature Ona Maati

La signature Ona Maati

 

Retrouvez les créations empreintes de l’esprit japonais d’Ona Maati dans notre vaisselle céramique artisanale :

 

 

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