Petit précis de vocabulaire (et d'histoire)...
La céramique est un vocable qui recouvre de multiples savoir-faire aux techniques bien précises qui peuvent se révéler particulièrement subtiles pour beaucoup de profanes. D’autant que le champ lexical nous offre une variété très riche de termes : faïence, porcelaine, grès, poterie... Bref, dans ce dédale sémantique et technique, nous vous proposons un petit tour des éléments qui composent cet « art du feu », dont les origines remontent au Néolithique.
Suivez le guide !
Quels sont les différents types de céramique ?
La céramique, premier art du feu est une forme d’expression artistique qui utilise la manipulation de l’argile et la cuisson au feu pour produire des créations utilitaires (poteries, tuiles… ) ou artistiques (sculptures…). La céramique est appréciée pour sa durabilité et sa beauté esthétique. Les arts du feu englobent également d’autres pratiques artistiques, telles que la vitrerie, l’émaillage, la métallurgie… qui utilisent la chaleur pour transformer les matériaux en objets uniques. Ces arts traditionnels sont pratiqués depuis des milliers d’années et continuent d’être appréciés pour leur fusion entre l’art et l’artisanat.
L’une des plus anciennes céramiques connues est une figurine en terre cuite, la Vénus de Dolni Vestonice, retrouvée en Moravie et datée entre -27 000 et -23 000 av. J.-C. Elle atteste de la céramique comme premier art du feu bien avant la métallurgie et le verre.
La Vénus de Dolni Vestonice
La céramique, la poterie, la porcelaine, le grès, la faïence ou le raku sont tous des types de matériaux utilisés dans la création d’objets en argile, mais ils diffèrent par leur composition, leurs caractéristiques et leur technique de fabrication. Voici une brève explication :
- Le terme « céramique» est un terme générique qui englobe toutes les créations fabriquées à partir d’argile cuite. Cela inclut la poterie, la porcelaine, le grès, la faïence et le raku.
- La poterie se réfère à des objets en argile cuite, fabriqués à la main, tels que des pots, des vases, des bols… Elle est souvent caractérisée par sa simplicité rustique et sa texture naturelle.
Poterie artisanale marocaine
- La porcelaine est une forme de céramique fine, translucide et souvent blanche. Elle est fabriquée à partir d’une argile fine et pure, appelée kaolin, qui est cuite à des températures élevées (1250 à 1460°C). Elle est réputée pour sa délicatesse, sa résistance et sa finition lisse. Son aspect velouté et sa luminosité révèlent la profondeur des émaux. Grâce à la dureté de son tesson, elle peut être travaillée tout en finesse, mais sa faible plasticité nécessite un geste précis et attentif.
La porcelaine existe en Chine depuis le IIIe siècle au moins. Au XVe siècle, on assiste à un véritable engouement de l’Occident pour cette céramique chinoise aux secrets de fabrication jalousement gardés, et que les faïenciers européens chercheront à imiter. Il faudra attendre le XVIIIe siècle la découverte de gisements de kaolin en Allemagne et les longues recherches des manufactures pour que débute sa fabrication en Europe.
Porcelaine de Cécile Gasc @Table & Création
- Le grès est une céramique à base de silice et d’argile à texture fine qui se vitrifie entre 1150 et 1350°C, elle « grèse » et devient ainsi imperméable et non gélive même sans émail. Utilisé à l’origine pour ses qualités techniques (solidité, résistance…), le grès est aujourd’hui exploré pour ses qualités esthétiques. La gamme de ses couleurs est d’une infinie richesse et n’est pas sans rappeler le minéral. Le grès est idéal pour les objets utilitaires tels que les assiettes, les tasses et les bols. Il peut avoir une apparence rugueuse ou texturée et il est souvent émaillé pour obtenir une finition lisse et imperméable.
Grès chamotté de Matmae Céramique @Table & Création
Découvert vers le XVe siècle avant notre ère par les potiers chinois, c’est seulement vers le Ve siècle, qu’ils en maitriseront pleinement la technique. La perfection sera atteinte avec les magnifiques céladons des Song. Il faudra attendre le XIVe siècle pour que le grès soit introduit en Occident et le XIXe siècle pour qu’il suscite un engouement en France, amenant de nombreuses régions à développer leurs manufactures comme St Amand en Puisaye par exemple…
- La faïence est une céramique à base d’argile tendre et poreuse, mais qui est cuite à des températures plus basses que le grès (950 - 1150°C). Elle est généralement recouverte d’un émail opaque à base d’étain (stannifère) qui masque totalement le tesson et lui donne son aspect caractéristique blanc et brillant après cuisson. Sur l’émail blanc et poreux, les couleurs sont posées au pinceau sans risque de s’épancher et ressortent vivement après cuisson. Elle est souvent utilisée pour la fabrication de carreaux, de vaisselle et d’objets décoratifs.
Les premières faïences stannifères semblent avoir été produites en Irak vers le IXe siècle. Via l’Afrique du Nord, cette technique est exportée par les conquérants musulmans jusqu’en Espagne où elle est produite dès le Xe siècle. De l’Espagne, elle gagne l’Italie et le Sud de la France. A son apogée au XVIIIe siècle dans toute l’Europe, la faïence est aujourd’hui passée du statut de produit de luxe à celui de produit de consommation courante.
- Le raku est une céramique à base de pâte très réfractaire et chamottée par addition de sable ou de matériaux réfractaires broyés pour supporter le choc thermique de la sortie à chaud du four et l’enfumage. Chauffée rapidement dans un four à près de 1000°C (ou longuement à 1250°C selon le type de raku), la céramique est retirée incandescente, puis enfumée en la plongeant dans de la sciure, du papier… L’extrême réduction due à cet enfumage révèle les craquelures et provoque les métallisations.
Le raku a été inventé au Japon au XVIe siècle par un potier coréen, Chojiro Raku, pour la cuisson des bols destinés à la cérémonie du thé. Raku signifie « plaisir-joie ». Arrivé en Europe dans les années 70, le raku a rapidement été adopté comme un nouveau mode d’expression en céramique.
La cuisson du raku
Quelles sont les différentes techniques de fabrication d’une céramique artisanale ?
Il existe de nombreuses techniques pour façonner l’argile et créer des objets en céramique. Voici quelques techniques de base :
- Le modelage à la main, comme son nom l’indique consiste à façonner l’argile avec ses mains pour créer des formes et des objets ; pour cela, on peut choisir la méthode du colombin (façonnage à partir de rouleaux d’argile), la plaque (utilisation de plaques d’argile découpée) ou le façonnage direct.
Techniques de modelage
- Le tournage: l’argile est placée sur un tour de potier en rotation et façonnée à l’aide d’outils spécifiques (mirette, estèque, éponge, tournassin, fil à couper, raclette, ébauchoir, aiguille de potier… ). Cette technique permet de créer des formes symétriques et régulières.
Les outils du potier
- La coulée est une technique où l’argile liquide, appelée barbotine, est versée dans un moule. Après séchage, l’objet ainsi créé est retiré du moule pour être retouché et décoré.
- L’estampage consiste à presser un motif ou une texture dans l’argile à l’aide de tampons, de moules ou d’outils sculptés. Cela permet de créer des motifs répétitifs ou des détails texturés sur les surfaces de l’objet en argile.
Empreinte végétale par estampage
- L’évidage est une technique utilisée pour créer des objets creux, comme certains vases. Il implique de créer une forme extérieure puis de retirer l’excès d’argile de l’intérieur pour créer une cavité.
- L’assemblage permet de joindre ensemble des pièces d’argile préalablement façonnées pour former un objet plus complexe. Cela peut être fait en utilisant de l’argile liquide comme colle, en utilisant des colombins, etc. Grâce à l’assemblage, on peut par exemple rajouter une anse à une tasse préalablement façonnée.
Cette liste n’est évidemment pas exhaustive et les artisans rivalisent d’imagination et de créativité pour trouver de nouvelles formes.
Comment décorer la céramique artisanale ?
Les artisans expérimentent toutes sortes de techniques de décoration comme :
- L’émaillage : L’émail est une matière vitreuse à base de silice qui fond et se vitrifie à la cuisson dont on recouvre certaines céramiques pour les rendre imperméables ou les décorer. Après cuisson, l’émail est opaque et masque le tesson d’argile. On l’applique par trempage, coulage ou pulvérisation au pistolet. Il existe une grande variété de couleurs, mais aussi d’aspects après cuisson : brillant, satiné, mat…
Mais alors, qu’est-ce que le biscuit ?
C’est la première cuisson du tesson, non revêtu d’émail entre 900 et 1100°C. L’objet acquiert alors une solidité suffisante pour être manipulé, ce qui facilite l’émaillage.
- Le sgraffite: Décor par grattage ou incision d’un engobe permettant de révéler la couleur de la terre qui se trouve en dessous.
- Le nériage (ou terres mêlées) : décor créé par le mélange dans la masse de terres de couleurs différentes, formant des motifs organisés ou aléatoires. Un tournassage méticuleux est souvent nécessaire en fin de travail.
Terres mêlées de Sylvie Carlier @s_ceramique
- La sculpture et bien d’autres encore…
Gageons qu’à la faveur de ce petit précis lexical, la céramique artisanale n’aura plus de secret pour vous et qu’il vous guidera dans le choix de vos objets du quotidien et de vos coups de cœur. TABLE & CRÉATION propose une large sélection de céramique artisanale pour plaire à chacun et vous invite à la découverte passionnante de ces métiers d’art.